Il y a des auteurs comme ça, qu’on lit les yeux fermés (enfin, vous m’avez comprise). Dès qu’un nouveau roman sort, on sait qu’on va y plonger, qu’on va y penser la journée et qu’on finira par engloutir les pages à la lampe torche sous la couette. Pour moi, Franck Thilliez (Atomka, Puzzle), c’est ce genre d’auteur. Et À retardement n’a pas fait exception.
J’ai pu découvrir le livre quelques jours avant sa sortie lors d’un évènement organisé dans la Chapelle de l’Hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris. Le temps de revenir chez moi, j’avais déjà dévoré les 14 premiers chapitres et il ne m’a fallu que deux soirées de plus pour dévorer ces 450 pages.

Un retour attendu dans la série Sharko
Après l’indépendant Norferville, Thilliez revient à ses premiers amours : Sharko et Henebelle. Autant dire que j’étais déjà conquise avant d’ouvrir la première page, ce duo qu’on suit depuis 20 ans maintenant est devenu une seconde famille. J’ai retrouvé avec plaisir ce flic cabossé, toujours aussi obsessionnel et rongé par l’ombre du monde qu’il explore, et une Lucie très effacée dans ce livre, plus inquiète qu’impliquée.
Dans À retardement, Sharko enquête sur un meurtre atroce, avec des détails que seul Thilliez ose imaginer : un corps rempli de soude, poignardé à en perdre la raison. En parallèle, Éléonore Hourdel, psychiatre en Unité pour Malades Difficiles, voit débarquer un patient délirant et dangereux. Et très vite, ces deux fils narratifs vont s’entrelacer… jusqu’à faire terriblement froid dans le dos.

Une plongée glaçante dans la santé mentale
Là où ce roman se distingue des précédents, c’est dans l’ampleur donnée au thème de la maladie mentale. On est plongé dans les UMD, ces unités fermées dont on parle peu, et Thilliez, fidèle à lui-même, s’est documenté en profondeur, allant jusqu’à visiter l’établissement du Rouvray pour nourrir son intrigue. Résultat : tout sonne juste, dur, humain.
Les patients ne sont pas réduits à leurs pathologies. Les soignants non plus. C’est brut, sans voyeurisme, et ça questionne autant qu’un bon essai : sur la responsabilité pénale, le rôle de la justice, la limite entre folie et dangerosité…

Mon verdict : un Thilliez comme je les aime
Ce que j’adore avec Thilliez, c’est que même quand il vous parle de psychiatrie, il ne vous laisse jamais souffler. Il enchaîne les chapitres courts, les retournements, les cliffhangers, les indices bien planqués. L’intrigue est dense, parfois un peu tordue, mais elle se tient. Et surtout, elle vous attrape et ne vous lâche plus.
Alors oui, certaines coïncidences sont peut-être un poil grosses… mais honnêtement, on s’en fiche. Ce qui compte, c’est le rythme, la tension, les personnages qui prennent chair (et cher) sous nos yeux.
Si vous êtes fan de l’auteur, vous ne serez pas déçu·e : À retardement coche toutes les cases. Un thème fort, une enquête oppressante, des personnages abîmés mais passionnants, et cette capacité à rendre l’horreur presque poétique. Pour moi, c’est encore une réussite. Peut-être pas son meilleur, mais assurément l’un des plus marquants.
Prix conseillé pour A Retardement : 22,90€