Après Mégalopolis, il y en avait un autre que l’on attendait particulièrement sur la Croisette : Kinds of Kindness de Yorgos Lanthimos. Seulement quelques mois après son Pauvres Créatures, le réalisateur Grec va vite et signe encore un film avec Emma Stone. 

Le film promettait sur le papier trois histoires. Sans trop vous en dire, on vous dira que la construction est clairement segmentée. Trois histoires comme autant de films dans le film. Tous ayant le thème commun d’une dévotion extrême pour l’autre. D’abord avec le portrait d’un homme d’affaires qui obéit à un autre jusqu’à l’extrême. De ses choix vestimentaires à sa maison en passant par le menu de la semaine où la rencontre avec sa femme, tout est exigé par Richard. Jusqu’au jour où il va dire “non”… Ensuite avec le portrait d’un policier dont la femme a disparu en mer. Lorsqu’elle revient, elle a changé. Il pense que quelqu’un a pris sa place (et son apparence) et va donc tester sa dévotion. Enfin, et c’est l’histoire qu’on aura préféré, celle d’Emily, soldat d’une secte qui boit les larmes de ses gourous jusqu’au jour où son passé ressurgit dans sa vie… Encore une fois difficile de vous en dire trop et on vous conseillera d’aller voir le film sans trop en savoir.

Kinds of Kindness: Willem Dafoe, Margaret Qualley, Jesse Plemons
Copyright Searchlight Pictures

Avec Kinds of Kindness, Yorgos Lanthimos semble prendre le contre-pied de ses derniers succès. Là où se disait tous qu’il devait un cinéaste plus accessible, il fait un bond en arrière et nous ramène à l’époque de la Mise à mort du Cerf Sacré où le prix du sang fait foi. On repart donc avec des histoires sombres, bizarres, gores et sordides où le sang coule et où chacun contemple ses chaînes sans vouloir les couper. On est loin, très loin, de la fable émancipatrice de Pauvres Créatures. Le seul liant étant Emma Stone, qui n’arrêtera décidément jamais de nous surprendre. Avec Yorgos Lanthimos, elle semble avoir trouvé celui qui la pousse toujours plus loin. Et ici, elle n’a pas un personnage à jouer, mais trois bien différents. Comme si jouer un personnage ne lui suffisait pas. À ses côtés, Jesse Plemons peut dévoiler tout son talent. Willem Dafoe et Margaret Qualley ayant des rôles plus anecdotiques, mais s’amusant tout autant avec leurs personnages.

Qui dit construction en “triptyque” dit comparaison possible entre les histoires. Si on adore la première dans son propos, son rythme nous aura un peu gênés, on aura été complètement fasciné par la dernière. Peut-être parce que c’est celle où Emma Stone a le plus grand rôle ? Peut-être parce que c’est avec cette histoire de secte que tout le propos de Lanthimos fait sens. Un film qui monte en puissance à mesure que le temps passe.

Kinds of Kindness : Photo Emma Stone, Joe Alwyn
Copyright Atsushi Nishijima

S’il est difficile d’apprécier un film de Lanthimos, on se raccroche à l’effet que le film nous fait et aux images qui resteront demain, après-demain et dans quelques années. Pour l’instant, on a gravé dans la rétine Emma Stone au volant de sa voiture violette qui drifte comme dans GTA sur le parking d’un Motel.

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Cinéphile aux lacunes exemplaires, mon coeur bat aussi pour la musique, les chaussures léopard et les romans de Bret Easton Ellis. Maman de 2muchponey.com, niçoise d'origine, parisienne de coeur, je nage en eaux troubles avec la rage de l’ère moderne et la poésie fragile d'un autre temps. Si tu me parles de Jacques Demy je pourrais bien t'épouser.

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