Un dernier « Praise Be » ?
Voilà, c’est fini. The Handmaid’s Tale a tiré sa révérence après six saisons, des dizaines de traumatismes, quelques fulgurances, et beaucoup (beaucoup) de scènes dans la pénombre. Je viens de terminer l’ultime épisode, et j’ai ce sentiment un peu paradoxal qu’on ressent parfois avec les séries longues : un mélange de soulagement, de nostalgie et… de frustration.
Ne vous méprenez pas : j’ai aimé cette série. J’ai vibré pour June, j’ai détesté Gilead de toutes mes forces, j’ai attendu avec impatience que Serena se prenne une bonne leçon. Mais j’ai aussi souvent décroché, ressenti de la lassitude, eu l’impression qu’on tournait en rond. Et ce final… parlons-en.

SPOILERS : le dernier épisode de The Handmaid’s Tale
Si vous n’avez pas vu l’épisode 10 de la saison 6, fuyez maintenant (ou acceptez de tout savoir).
L’épisode s’ouvre sur une Boston libérée. June arpente la ville, rend visite à ses anciens démons (littéralement, elle retourne dans la maison des Waterford), retrouve d’anciennes alliées, et commence à écrire son histoire. Oui, la boucle est bouclée : June devient littéralement la narratrice de The Handmaid’s Tale, comme dans le roman de Margaret Atwood.
Ce final se veut introspectif, chargé d’émotions, de symboles, de flashbacks. Trop, peut-être ? Le rythme est lent, presque figé, et l’épisode semble plus préoccupé par le fait de dire au revoir aux personnages que de conclure véritablement les intrigues. Où est Hannah ? Qu’adviendra-t-il de Gilead dans les autres États ? Pourquoi cet épilogue ressemble-t-il à un prologue d’un spin-off ? Ah oui. Parce que c’est exactement ça.

Ce qui fonctionne ou non
Les retrouvailles avec Emily <3. La scène où Janine retrouve sa fille. Le regard caméra de June à la toute fin. Le retour dans la chambre. Tout ça, c’est puissant. Chargé d’histoire, de symboles, de mémoire. Et bien sûr, le casting est toujours aussi exceptionnel. Elisabeth Moss en tête, dont le jeu tout en retenue et en douleur m’a bouleversée plus d’une fois.
Ce qui m’a dérangée (et pas seulement l’éclairage tamisé), Honnêtement ? Le fait que tout repose une fois de plus sur le pardon et la maternité. Je ne suis pas contre ces thématiques, évidemment, mais ici, elles prennent toute la place. Serena est « rachetée » car elle aime son bébé. Tante Lydia devient douce puisqu’elle protège « ses filles ». Et June pardonne à peu près tout le monde parce que « les mamans doivent se soutenir ». Est-ce que c’est réaliste ? Peut-être. Mais est-ce que c’est satisfaisant ? Pas totalement.
Et il y a un truc que j’ai du mal à digérer, c’est le silence total autour de la scientologie d’Elisabeth Moss. Je sais, ce n’est pas la série, c’est l’actrice. Mais quand une série parle d’endoctrinement religieux extrême et que sa star/réalisatrice en est une fervente adepte d’une église elle-même ultra-controversée… il y a un vrai malaise. Surtout que June continue à prier son dieu.

Une œuvre marquante malgré tout
Malgré ses lenteurs, ses répétitions, ses errances parfois, The Handmaid’s Tale a marqué son époque. Elle a accompagné #MeToo, elle a donné une image forte et reconnaissable à la lutte féministe, elle a inspiré des slogans, des manifs, des débats. Elle a su s’approprier un univers dystopique pour en faire un miroir inquiétant du monde réel.
Et même si ce miroir s’est parfois embué, même si la dernière saison est inégale, je garde une tendresse sincère pour la série.

Et maintenant ?
On attend le spin-off : Les Testaments. Centré sur la suite de Gilead avec la fille de June, sur une nouvelle génération, sur Tante Lydia (Ann Dowd reprendra son rôle), ce nouveau chapitre devra faire ce que la série mère a parfois raté : redonner du souffle, du rythme, et un point de vue un peu moins figé. Et s’il vous plaît plus de lumière !
The Handmaid’s Tale n’a peut-être pas eu le final flamboyant que certains espéraient (même si l’épisode 9 était pas mal), mais elle s’est terminée avec une certaine cohérence. Un regard en arrière, un appel à la mémoire, une promesse que les récits ont un pouvoir.
Et peut-être, au fond, c’est tout ce dont on avait besoin.
« Chair. Table. Lamp. »