Le film :
Quand on regarde la filmographie de François Ozon, sa volonté de toujours se renouveler apparaît comme une évidence. Sans aucun doute le cinéaste le plus surprenant de sa génération, il en a parcouru du chemin depuis Sous le sable. S’essayant à tous les genres et ne s’interdisant jamais rien, François Ozon fait partie de ces réalisateurs qu’on aime suivre et qui nous ont rarement déçus. Avec Une nouvelle amie il va encore un peu plus loin en dressant le portrait de David, mari et père aimant qui va voir son équilibre basculer à la mort prématurée de sa femme. Au côté de la meilleure amie de cette dernière, il va apprendre qui il est et se forger petit à petit une nouvelle identité aussi surprenante qu’évidente : Virginia. Une nouvelle amie raconte alors l’histoire d’une renaissance, d’un homme né femme, et d’une amitié très spéciale qui s’intensifie jour après jour.
Difficile alors de raconter l’expérience vécue tant Une nouvelle amie ne ressemble à rien de connu. Si sur la papier on pense immédiatement à Laurence Anyways, on se rend vite compte que le chemin des deux films est aux antipodes. Alors que Dolan racontait la fin d’une passion amoureuse, Ozon s’attache à son commencement. Chemin parcouru d’embûches pour Laurence, délivrance salutaire et absolument vitale pour David. Plus léger que son cadet québécois, François Ozon mélange les genres et les tons pour arriver à son résultat. On rigole, on est émus, surpris et finalement complice de cette admirable transformation. Film malin de bout en bout à une époque où la question du genre est constamment débattue. Film important aussi à une époque où des personnes manifestent pour priver d’autres de droits naturels… Réalisateur engagé, François Ozon le prouve encore mais sans aucune lourdeur et avec la délicatesse qu’on lui connaît.
Si la magie opère autant c’est sans doute grâce à son intelligence dans la narration. On va suivre la transformation au travers des yeux de Claire. D’abord mal à l’aise, puis amusée avant de devenir définitivement complice et de constater l’évidence. Ce tour de maître malin nous permet d’être complètement impliqués dans le film sans jamais nous sentir uniquement spectateur. Anaïs Demoustier était l’actrice parfaite pour ce rôle tout en mesure. Elle n’en fait jamais trop et laisse passer en un regard ce que d’autres feraient en 19 répliques… Magnifique en objet du désir autant qu’en meilleure amie, elle apporte au film une tendresse très humaine tout en nuançant chacune des situations.
Pour camper David, un veuf jeune papa, n’importe quel acteur aurait convenu. Pour jouer Virginia par contre le pari était plus compliqué. Quel acteur aurait accepté une scène en sous-vêtement féminins ? François Ozon a trouvé en Romain Duris l’actrice parfaite. Lui viril dans la majorité de sa filmographie, trouve aussi escarpin à son pied et prend énormément de plaisir à jouer. Et s’il ne parvient pas à se hisser au niveau de gravité de Melvil Poupaud dans Laurence Anyways, on lui pardonne tout lors d’une scène absolument sensuelle et troublante qui nous fait tout oublier de la nature du personnage… On ne comprend toujours pas comment le César a pu lui échapper.
Jamais moralisateur, Une nouvelle amie choisit la douceur et l’apprentissage pour raconter ses histoires. Une ode à l’amour pour tous et l’affirmation de soi qui fait du bien en cette grande période de trouble.
Blu-Ray et bonus :
La mise en scène élégante et tourbillonnante de François Ozon méritait une copie HD digne de ce nom. Ici, le Blu-Ray répond parfaitement à nos attentes tant niveau sonore que niveau visuel. Les couleurs, les jeux de lumière sont parfaitement retransmis et offrent une expérience immersive digne des plus grands thrillers.
Sur les bonus on aura été juste bouche bée devant la multitude et la qualité de ceux-ci. Making of, scènes coupées, entretien avec Anais Demoustier, Romain Duris et des essais techniques comme des projets d’affiche, vous trouverez ici tout ce qu’il vous fallait pour percer le secret d’Une Nouvelle Amie. Prenez le temps de les regarder et laissez-vous duper par la transformation de Romain Duris en Virginia. Sa volonté pour rendre son personnage plus réel que réel est saisissante et troublante. Si vous aviez encore un doute sur la performance de Duris chez Ozon, ces nombreux bonus devraient vous convaincre !