Les jours se suivent et ne se ressemblent pas. Ce matin, le soleil est de retour et promet de bien belles choses du côté de Cannes. Il faut dire qu’aujourd’hui, le très attendu film des frères Coen est présenté en compétition officielle et que les retours dithyrambiques de la presse la veille me donnent encore plus envie de le voir !
Rejoignant le centre de Cannes sans trop de difficultés (dimanche oblige), je commence alors mon long parcours du combattant pour obtenir mon précieux sésame pour voir Inside Llewyn Davis. Un café en main, je me mets à imiter les dizaines de personnes un petit panneau “Looking for Invitations” en main. Si, lors des éditions précédentes, la mendicité ne me posait aucun problème, je dois avouer que cette année mon ego s’y refuse un peu. Peut-être est-ce d’avoir passé le cap des 25 ans ou d’avoir déjà vécu pas mal de festival de Cannes mais une chose est sûre, patienter des heures et accoster des festivaliers ne sera pas pour moi cette année. Je jette mon écriteau et décide de me placer dans la file de dernière minute, une heure avant la projection. Si, habituellement, cette combine fonctionne et permet aux badgés d’entrer dans la salle de projection, on nous informe 20 minutes plus tard, qu’aujourd’hui, personne ne rentrera comme ça. Agacée, je me résigne, je me dirige vers la sortie alors que devant moi les gens s’énervent. Je vois même un monsieur courir vers les marches, sauter la barrière, et se faire rattraper in-extremis avant de pénétrer au sein du Grand Théâtre Lumière … Cannes rend déjà fou.
Déçue de rater ce qui s’annonce comme LE grand film de ce 66ème Festival, je traîne des pieds jusqu’à la Quinzaine des Réalisateurs pour voir si j’ai une chance de rentrer à Tip Top, le film de Serge Bozon avec Isabelle Hupert et Sandrine Kimberlain. La file d’attente allant jusqu’au bout de la rue, je jette l’éponge en me jurant de ne plus remettre les pieds ni à la Semaine ni à la Quinzaine. Mon badge trop faible ne me permettant jamais de rentrer.
À force de déambuler, je remarque que le temps passe et qu’il faut manger avant de rejoindre Borgman. Le ciel, toujours pas décidé entre un bleu azur et un gris parisien, me permettra quand même de manger en terrasse. Mes gnocchis aux fromages plus tard, je remarque qu’actuellement a lieu la conférence de presse du film des frères Coen. Espérant apercevoir le casting (Justinnnn), j’attends devant la salle aux côtés de dizaines de personnes ayant eu la même idée. 15 minutes plus tard, l’équipe du film sort et défile sous mes yeux. Carey Muligan ne prenant même pas la peine de sourire aux gens et se précipitant dans l’ascenseur me confirme ma mauvaise impression ressentie mercredi pour Gatsby. Et si la douce et naturelle Carey était aussi désagréable et froide qu’une Nicole Kidman ?
Contente d’avoir vu les frères Coen et Justin Timberlake en chair et en os, je me dépêche pour rejoindre ma projection de l’après-midi. Le film du hollandais Alex Van Warmerdam ayant quelque peu divisé la critique le matin ne me dit rien qui vaille mais la comparaison à Funny Games m’intrigue. Ma curiosité satisfaite, je me permets un “WTF” à l’issue de la projo. Borgman est sans aucun doute l’objet cinématographique le plus étrange visionné dans ma vie. Entre humour noir (mais vraiment noir !) et réflexion existentielle je ne sais quoi penser de ce “film”. Intéressant sur le fond mais tellement débile dans la forme, tellement dans la surenchère et la volonté de choquer qu’il en devient complètement inappréciable. Quelques huées viendront conforter ce sentiment qu’Alex Van Warmerdam s’est bien moqué de nous. Mais que serait Cannes sans son lot de films bizarres ?
N’ayant pas de places pour la projection de gala du Coen, j’hésite entre rentrer chez moi ou attendre tard un rattrapage de Grand Central. Finalement, je suivrais Dominique de Silence Action à la plage Magnum pour un petit break bien mérité. Malgré le vent qui claque et le froid qui revient, je n’ai aucune difficulté à composer ma glace et à la déguster dans une ambiance cosy parfaitement adaptée. En prime, les festivaliers peuvent même profiter d’une manucure gratuite. Pour cause de répétitions de la troupe Burlesque mise en lumière par le sublime Tournée de Mathieu Amalric, nous devons quitter ce havre de paix. Avant de rejoindre ma voiture, je fais un détour par la Villa Schweppes histoire de récupérer mon accred pour la semaine qui arrive. En bas, c’est une folie douce qui s’empare des festivaliers tous déchaînés en cette fin de journée. N’ayant pas forcément beaucoup de temps, je quitte l’endroit sous Get Lucky repris en cœur par la bonne centaine de personnes présente. Je crois que je viens de trouver mon QG pour remplacer la villa Inrocks.
Alors que la pluie reprend son territoire, je regagne Nice. Ce soir, je fais mes valises car dès demain je m’installe à Cannes pour pouvoir vivre comme il se doit ce festival !