J’ai testé Le Vaisseau d’Adrien Cachot avant qu’il ne décroche sa première étoile Michelin. Autant te dire que j’ai eu la chance qu’un ami nous réserve une table proche des cuisines pour vivre l’expérience entre amis. Niché rue Faidherbe, dans le 11e à Paris, ce lieu ne ressemble à rien d’autre. Ni bistrot planqué, ni resto étoilé qui se la raconte : un vaisseau spatial noir mat, mystérieux, feutré. À l’intérieur, une ambiance presque futuriste où l’on sent tout de suite qu’il va se passer quelque chose.
Spoiler : il s’est passé beaucoup de choses. Pour les papilles, pour l’imaginaire, pour le cœur aussi. Mais je vais me limiter en photo pour ne pas gâcher les surprises.

– Visité en septembre 2024
Une cuisine à l’aveugle, mais les yeux grands ouverts
Le menu est carte blanche, il s’intitule le “N’importe quoi”. Pas de choix, pas d’intitulé, pas de spoiler. Juste la promesse d’un voyage. Et franchement, je me suis laissée embarquer sans hésiter. Compter 120€ le menu sans les boissons.
On commence doucement avec “Gaspach-eau” et là tout de suite, on se dit que cette soirée sera remplie de curiosité. Ensuite ? C’est une avalanche de surprises. Une meringue, un mochi, des abats et des coquillages étranges cuisinés avec une finesse que je n’aurais jamais imaginée apprécier autant.
Chez d’autres, ce genre de proposition pourrait sonner comme une provocation. Ici, c’est juste parfaitement dosé, déroutant, mais jamais gratuit. Chaque assiette est pensée, équilibrée, percutante.

L’audace comme ligne de conduite
Ce qui rend Le Vaisseau vraiment unique, c’est cette audace sincère. Pas d’esbroufe. Adrien Cachot ne cuisine pas pour plaire, il cuisine pour raconter quelque chose. Et ça se sent. On navigue entre textures improbables, sauces réduites à l’essentiel, petits détails qui claquent, et dialogues discrets avec l’équipe en salle qui vient révéler les ingrédients… après la dégustation.
C’est un jeu. Un peu comme un escape game des papilles. Et j’adore ça. On découvre les textures, les goûts, et le tout servi dans des assiettes originales. On a aussi eu la chance d’avoir des plats d’invités avec une cheffe venue pour l’occasion préparer un des mets du soir.
On pourrait croire que c’est trop. Trop technique, trop étrange, trop élitiste. Et pourtant non. L’atmosphère est détendue, le service bienveillant, le rythme fluide. La salle sombre apaise autant qu’elle impressionne. Le dressage est soigné sans être figé, les vins sont bien choisis, et jusqu’au dessert… comment dire c’est une claque.
On est reparti avec la liste de tout ce qu’on a dégusté, une vingtaine de lignes !
Avant l’étoile, déjà une évidence
Depuis, l’étoile Michelin est tombée. Méritée. Logique. Évidente, même. Mais je suis heureuse d’avoir découvert Le Vaisseau avant. D’avoir été surprise, désarçonnée, émerveillée, sans le filtre des attentes trop hautes. C’est un lieu à part, à la croisée de l’instinct et de la maîtrise, de l’audace et de la tendresse.
Ça reste un moment hors du temps, délicat et brut à la fois. Et comme je reste fidèle à moi-même, je vous conseillerai de ne pas oublier de faire un tour dans les WC pour découvrir la suite de la décoration !
Est-ce que j’y retournerai ? Oui. Mille fois oui. En espérant que l’étoile ne rende pas la réservation encore plus difficile. Mais même si c’est le cas, je patienterai. Parce qu’une cuisine comme celle d’Adrien Cachot, on en croise peu. Et quand on la goûte, on s’en souvient longtemps.

