Quand on fait son planning de projections dans le train qui nous emmène à Cannes, on souligne au fluo les films qu’on a très très envie de voir. Cette année, depuis l’annonce de la sélection. Il y a ce film de Justine Triet, Anatomie d’une chute. D’un côté, on sait qu’on adore le travail de la réal (Victoria, La Bataille de Solferino) de l’autre, on se pose quand même beaucoup de questions sur ce film dont on ne sait pas grand-chose. Et puis on arrive à Cannes et petit à petit, on se met à parler des films. Et on s’aperçoit qu’Anatomie d’une chute est attendu par beaucoup de monde ici. Des Français, mais pas que. OK Justine. On est prêt.

Anatomie d'une chute - Film (2023) - SensCritique
Copyright Carole Bethuel – 2023 Les Films Pelléas/Les Films de Pierre

Il y a des films qui vous laissent sans voix. Anatomie d’une chute en fait partie. À la fin de la projection, un silence de plomb puis des applaudissements et des “bravos” scandés dans le Palais des Festivals. Puis le silence encore. Difficile de parler à notre voisin. À lâcher un premier tweet. QUEL FILM ! Pour que vous regardiez le film sans en savoir trop, on vous dira simplement que c’est l’histoire d’un procès. Le procès d’une femme suite à la mort de son conjoint. Le procès d’une Femme contre la société française qui la veut coupable. Le film est une prouesse sur tellement de domaine. Déjà parce qu’on ne voit pas passer les 2h30 tellement le film est rythmé et orchestré comme un thriller. On ne sait pas où est la vérité mais on se positionne et on va vivre le procès sur le banc des accusés. Il y a tout dans ce film. La prestation dantesque de Sandra Huller (qui change clairement de visage par rapport à La Zone d’Intérêt vu il y a quelques jours), la partition magique de Swann Arlaud qu’on aime depuis toujours et puis les yeux de Milo Machado-Graner. Le jeune acteur aura volé la vedette au film à l’occasion d’une scène inoubliable au côté de son chien. On va s’arrêter là mais c’est tellement brillant qu’on a plus envie de voir d’autres films. On veut le garder avec nous. Longtemps. Côté pronostic, on se dit qu’une Julia Ducournau ne devrait pas être insensible au discours féministe de Justine Triet…

Le temps d'aimer de Katell Quillévéré (Film) : la critique Télérama
Copyright Roger Arpajou

Ici, on aime beaucoup le cinéma français. Et si on a du mal à se remettre du film de Justine Triet, on a aussi très envie de découvrir le nouveau film de Katell Quillévéré avec Vincent Lacoste et Anaïs Demoustier. Katell Quillévéré c’est Suzanne et Réparer les vivants qu’on a jamais pu oublier tellement ils nous avaient serré le cœur à leur sortie. Elle a pris du temps, fait une minisérie (la géniale le Monde de demain) et la voici avec une histoire d’amour entre deux boiteux. Madeleine et François se rencontrent. Deviennent plus amis qu’amants, mais se marient. Il devient le beau-père de l’enfant de Madeleine. Ils ont des rêves ensemble pour vivre leur vie et suivre leurs passions. Le Temps d’aimer est une fresque romanesque comme on en voit plus beaucoup. Le film va suivre le trajet de cette famille pas tout à fait comme les autres avec de gros secrets au-dessus d’eux. Des secrets dont on s’accommode pour avancer. Le Temps d’aimer est tantôt bouleversant, tantôt brulant, toujours attachant. On regrettera parfois un côté un peu lourd du scénario qui souligne des évidences et qui nous emmène à une chute qu’on sait courue d’avance.

Author

Cinéphile aux lacunes exemplaires, mon coeur bat aussi pour la musique, les chaussures léopard et les romans de Bret Easton Ellis. Maman de 2muchponey.com, niçoise d'origine, parisienne de coeur, je nage en eaux troubles avec la rage de l’ère moderne et la poésie fragile d'un autre temps. Si tu me parles de Jacques Demy je pourrais bien t'épouser.

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