Après le désastreux Café de Flore, Jean-Marc Vallée revient avec Dallas Buyers Club. Archi-favori aux Oscars, on vous propose d’entrer dans ce bien drôle de club et de vous dire si oui ou non, on a décidé d’adhérer !

1986, Dallas, Texas, une histoire vraie. Ron Woodroof a 35 ans, des bottes, un Stetson, c’est un cow-boy, un vrai. Sa vie : sexe, drogue et rodéo. Tout bascule quand, diagnostiqué séropositif, il lui reste 30 jours à vivre. Révolté par l’impuissance du corps médical, il recourt à des traitements alternatifs non officiels. Au fil du temps, il rassemble d’autres malades en quête de guérison : le Dallas Buyers Club est né. Mais son succès gêne, Ron doit s’engager dans une bataille contre les laboratoires et les autorités fédérales. C’est son combat pour une nouvelle cause… et pour sa propre vie.

Une histoire vraie

Des mois qu’on en parlait, le Dallas Buyers Club a enfin ouvert ses portes. Inspiré d’une histoire vraie, on attendait beaucoup de ce film. Et pour cause, une vingtaine de kilos perdue pour ses deux acteurs principaux et une pluie de nominations pour un film qui s’annonçait déjà comme un événement. Attention tout de même à ne pas en attendre trop histoire de ne pas être trop déçu !

Plongé au coeur du Texas, on prend vite la mesure des événements qui se trament. Ron Woodroof est un cow-boy, un dur, qui ne jure que par le sexe, le rodéo et la drogue. Évidemment homophobe, Ron brule la vie avant que celle-ci ne la rattrape. Et comble du comble, c’est le Sida qui va le rattraper. Un retour de bâton pour un homme qui se pensait intouchable et au dessus de tout. Dallas Buyers Club est alors l’histoire d’une rédemption. D’un homme qui va devoir oublier tout ce qu’il était et se battre contre la mort alors qu’autour de lui, son monde s’écroule. Dallas Buyers Club est alors une passionnante histoire de renaissance, d’un connard sans coeur qui se transformera en guérisseur de milliers de malades. On découvre alors, un homme aussi agaçant qu’attachant qui va donner sa vie pour lutter contre le Sida mais à grande échelle. Oui, qui l’eut cru, Ron Woodroof l’égoïste deviendra en peu de temps l’alternative des soins médicaux dangereux et pas toujours efficaces et permettra d’améliorer la vie de “ses patients”. Docteur sans l’être, il va construire un empire commercial, oui , mais pour permettre à un grand nombre d’accéder à des soins et des médicaments moins agressifs.

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Copyright Anne Marie Fox

Histoire humaine

Si l’histoire humaine est belle, le combat contre l’industrie pharmaceutique est là aussi des plus intéressants. Si l’on comprend l’aspect financier et les intérêts personnels de Ron dans le Dallas Buyers Club, on retiendra le combat acharné d’un homme qui ne voulait rien d’autre que pouvoir proposer aux malades l’accès à des soins moins risqués. En plein débat sur la dangerosité de l’AZT, Ron Woodroof veut faire entendre ses choix et veut montrer à l’Amérique le commerce qui se cache derrière certains traitements. En proposant des traitements alternatifs, Ron Woodroof se soigne et fera de sa vie un combat pour prouver l’efficacité de sa méthode contre les risques de l’AZT. Là, Dallas Buyers Club prend alors une autre dimension et s’impose comme un film engagé où l’ont met en doute l’action des pouvoirs publiques au moment où le SIDA apparaît aux États-Unis.

Dans sa narration, sa construction et l’évolution de ses personnages, Dallas Buyers Club est une vraie réussite. On rentre complètement dans l’histoire et on sent la révolte nous envahir quand on voit comment le gouvernement américain a voulu passer sous silence certaines pratiques. Et finalement faire taire un Homme avant-gardiste qui avait trouvé des solutions.

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Copyright Anne Marie Fox

Les bémols

Un petit bémol peut-être à émettre du côté de la mise en scène tant Jean-Marc Vallée use d’effets assez fatigants et franchement pas indispensables. Un autre réalisateur derrière aurait sans doute transformé ce très beau film en grand film qui marque à jamais ! Quoi qu’il en soit, on retiendra les performances hallucinantes de Matthew McConaughey et de Jared Leto. Si la métamorphose est d’abord physique, on ne voit plus derrière Ron et Rayon les acteurs tant seuls les héros de ce film semblent exister à nos yeux. Leur présence aux palmarès des prochains Oscars parait alors évidente. De plus, le duo fonctionne très bien à l’écran et l’amitié qui se construit entre eux est la plus belle réussite de ce film ! Si on connaissait le talent de Matthew McConaughey, a-t-on déjà vu Jared Leto aussi bon(ne?) que dans Dallas Buyers Club ? Une vraie réjouissance !

Fort et puissant, Dallas Buyers Club réussit son pari de faire renaître au cinéma, une histoire vraie. Grâce à ces acteurs lumineux et son histoire humaine et pleine de vie, Dallas Buyers Club est un film à part qui évite tous les pièges même celui évident du pathos qui lui tendait les bras ! Un vrai coup de coeur malgré une réalisation plus que moyenne.

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Copyright Anne Marie Fox

Author

Cinéphile aux lacunes exemplaires, mon coeur bat aussi pour la musique, les chaussures léopard et les romans de Bret Easton Ellis. Maman de 2muchponey.com, niçoise d'origine, parisienne de coeur, je nage en eaux troubles avec la rage de l’ère moderne et la poésie fragile d'un autre temps. Si tu me parles de Jacques Demy je pourrais bien t'épouser.

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