J’étais curieuse. Une série animée Marvel centrée sur le Wakanda, produite par Ryan Coogler (Black Panther), avec un style visuel affirmé et un pitch autour des espions du royaume. Je me suis dit : enfin une porte d’entrée pour enrichir le lore Black Panther!
Mais après quatre épisodes jolis, dynamiques, mais sans véritable souffle narratif… je me demande surtout : pour quoi faire ?
Une série anthologique aussi brève qu’éclatée
Eyes of Wakanda nous propose quatre missions dans quatre époques différentes : la Grèce antique, la Chine impériale, la Crète époque Cheval de Troie, et l’Éthiopie du XIXe siècle. Le fil rouge ? Des agent·es du Wakanda (les fameux Wardogs) doivent récupérer des artefacts en vibranium disséminés dans le monde. L’idée est bonne. Le potentiel immense. Mais les épisodes, trop courts, ne laissent ni le temps de s’attacher aux personnages, ni celui d’approfondir les enjeux.
Chaque mission commence, se déroule, se résout, en une trentaine de minutes. C’est rapide, trop rapide. Et ce n’est pas aidé par des dialogues pauvres, des protagonistes très archétypés, et la morale martelée à chaque scène : “Seule compte la mission.”
Une animation à couper le souffle
Là où Eyes of Wakanda brille, c’est du côté visuel. L’animation est magnifique. Le style créatif détonne dans l’univers Marvel, avec un mix 2D/3D riche en textures, une palette de couleurs chaleureuses, et des combats très bien chorégraphiés. J’ai pris un vrai plaisir à voir l’action se dérouler, notamment dans l’épisode 3 avec l’affrontement entre l’agent Basha et une version féminine d’Iron Fist.
Le générique est aussi une réussite à part entière. Il change à chaque épisode pour s’adapter au lieu et à l’époque, et met en valeur l’esthétique afro-futuriste qui fait la richesse de l’univers Wakandais.
Une richesse déjà vue, mais mal exploitée
Le Wakanda est fascinant, on le sait depuis Black Panther. On sait aussi que le vibranium et son monopole soulèvent des questions. Et on comprend vite que les Wardogs opèrent en solo depuis toujours pour protéger les intérêts du royaume, quitte à être sans pitié. Le souci ? La série assène ce message sans jamais le questionner vraiment.
On aurait aimé des personnages plus nuancés. On aurait aimé en apprendre plus sur leurs dilemmes, leurs conflits internes, sur ce que cela coûte de défendre un empire replié sur lui-même. Mais ici, tout le monde agit en mode automatique. Les rares personnages marquants (Noni, Basha, B’Kai) sont éclipsés par le format trop court. Et l’arc final, censé tout réunir, ressemble plus à du fan service qu’à une vraie conclusion.
Verdict : joli, mais oubliable
Eyes of Wakanda n’est pas une mauvaise série. C’est un divertissement rapide, bien réalisé, qui ravira les curieux et les fans en manque de Wakanda. Mais c’est aussi une opportunité manquée de raconter autre chose. Plus profond. Plus audacieux.
On aurait pu avoir une fresque historique sur le rôle du Wakanda dans le monde. On a eu une démo technique emballée dans un scénario plat. Reste de belles images, et un goût d’inachevé.
Une bonne mise en bouche, peut-être. Mais le plat de résistance, on l’attend encore.
