À Paris depuis 7 ans, j’ai décidé l’an dernier d’acheter mon premier vélo parisien. Dans ma vie d’étudiante, j’en avais eu 2. À Toulouse. Un vélo pour tout faire. Rentrer de soirées surtout. Le vélo a été volé. Je suis montée à Paris. J’ai pris un abonnement Navigo comme tout le monde et comme tout le monde je me suis laissée prendre dans ce rythme infernal. Pas un métro-boulot-dodo mais plutôt une sensation de ne plus voir Paris que via ses sous-terrains. La saleté, la misère partout, le monde, l’enfermement… Le métro a eu raison de moi.

Et plutôt que de quitter Paris en envoyant tout valser j’ai fait un autre choix : celui de faire du vélo. Pour fêter mes 1000 km de #VeloTaf j’ai décidé de vous raconter cette nouvelle histoire.

Jour 1 : le choix du vélo

C’est le jour 1 celui qu’on retient… La première étape consiste à choisir sa bécane. De mon côté, j’avais déjà les idées claires sur un sujet. Je voulais un vélo à assistance électrique. Même si les cyclistes en fixie m’ont toujours inspirée, il y a quelque chose que je ne voulais pas tolérer : arriver en sueur au travail ou à un rendez-vous client. Et après avoir fait une initiation en Camargue, j’étais décidée. Alors bien sûr, comme c’était une première fois et que je suis quelqu’un de lubies, je ne voulais pas investir mon PEL dans cet achat.

Le choix s’est porté sur un Decathlon. La première fois sur le premier prix  : Le Elops 500 E à 699€. Un bon rapport qualité prix. Assez beau. Idéal pour une première fois en électrique.

Jour 2 – 196 : vélo partout, tout le temps

Une fois que vous avez le vélo, le monde s’ouvre à vous. Vous l’emmenez partout. Rien ne vous paraît loin. Vous voulez rouler. Les trajets sont agréables. Je ré-découvre Paris.

La circulation aussi. Mais rien n’est pas un problème. Tout est vent et liberté.

Jour 196 : le garage

Et puis voilà, un jour tu le mets au garage. La veille tu as oublié de recharger la batterie et tu as dû ramener un vélo de 26 kilos en marchant à côté. La semaine d’avant tu as crevé. Et puis oui tu as failli te faire renverser au passage. Bref. C’est la crise.

J’oublie à quel point c’était cool et je commence à reprendre le bus, à commander Uber. C’est un moment où tu vois que le négatif. La pluie et ton ordi qui a pris l’eau. Ton rdv en retard car tu ne savais pas où le garer en toute sécurité. Bref tu le laisses et tu te dis que c’était bien une lubie.

Jour 236 : la reprise

Et puis un jour, ça repart. Tu te dis que marcher c’est un peu naze et qu’être en vélo c’est ultra pratique. Alors tu le re-sors. Tu charges la batterie. Tu remets ton casque. Et tu roules. Il re-fait beau. Tu vois la Tour Eiffel tous les matins. Régalade.

Alors bien sûr il y a des moments où tu le laisses à la maison (RDV client, soirées loin) mais la plupart du temps tu l’emmènes partout. Tu lui achètes même des sacoches toutes neuves.

Jour 242 : la fin de l’aventure

Un dimanche midi, tu l’attaches mal à un poteau parce que tu es en retard et que ton cadenas est pas assez gros. Tu sais qu‘il ne faut jamais l’attacher à la roue avant mais bon tu te rassures car on est à la Felicita et qu’on ne va pas te le voler ici. Tu rentres. Tu manges. Tu rigoles. Et puis tu sors le casque à la main et tu voies ta roue seule accrochée solidement au poteau. Tu râles. Tu te détestes. Tu détestes tous les gens qui n’ont rien dit. Tu détestes la personne qui a fait ça. Et puis tu détaches ta roue et tu rentres chez toi à pied. Sonnée. Le soir tu appelles ta mère et tu as envie de pleurer.

Jour 243 – 300

Après avoir dormi (mal) et cherché sur Le Bon Coin des traces de ton vélo tu te dis que c’est pas si grave. Que tu n’as pas eu d’accident et que ce n’est que matériel. Tu déposes plainte à la police par principe. Et puis tu te questionnes. À l’époque j’avais écrit un article sur mes questionnements.

Est-ce qu’il me faut un vélo ou est-ce que je prends un abonnement Velib ?

Jour 301 :

J’ai testé le Velib. Horrible. C’est lourd. Souvent cassé. Y a pas de place aux bornes. Pire encore, parce que la borne n’a pas enregistré mon retour, j’ai payé une journée de location. Le soir même, j’étais chez Décathlon. J’ai l’expérience, je voulais un vélo plus résistant (pièces comme batterie) et le vendeur malin a fait son job.

J’ai pris le 900 E. Encore plus beau. Bleu marine. Plus puissant. Plus tout. Pour le cadenas j’ai pris un Abus. Plus résistant. Plus large. J’ai aussi pris l’assurance vol. Pour 100 euros pour 2 ans me voilà rassurée et garantie : si on me le vole, Décathlon me rembourse le vélo en bon d’achat. Une fois pas deux. Je fais la demande de subvention à la mairie de Paris qui me versera plus tard 350 euros. Le chemin pour rentrer à la maison sur mon nouveau vélo n’a jamais été si doux.

Jour 302 et suivants :

Depuis je ne quitte plus mon vélo. Je crois que ce qui me plait le plus c’est le matin pour aller travailler. Certains ont besoin de café, d’autres d’une cigarette, moi c’est le vélo. Sur le trajet, je vide mon bol. J’évacue tout et arrive au travail dans les meilleures conditions. Bien sûr, il m’arrive d’avoir peur. C’est le bus qui passe à côté de toi, c’est la voiture qui met pas son clignotant, c’est toi qui passe à l’orange foncé à une intersection. Mais bon. Le positif l’emporte.

A 25km/h la vie est différente. Tu respires (parfois de la merde) mais tu t’apaises. Et puis tu fais du sport sans le vouloir. Et Dieu merci, les travaux d’Hidalgo commencent à payer et je peux désormais profiter d’une très belle piste cyclable qui relie République à Rivoli.

Après 1 an de vélo je continue d’avoir peur qu’on me le vole. Et même si cette fois je suis assurée, je me dis que c’est le mien et que voler mon vélo (Mick senior pour les intimes) c’est me déposséder de quelque chose qui m’appartient. C’est violer un peu ma liberté. Ce n’est plus matériel.

C’est beaucoup plus maintenant.

Author

Cinéphile aux lacunes exemplaires, mon coeur bat aussi pour la musique, les chaussures léopard et les romans de Bret Easton Ellis. Maman de 2muchponey.com, niçoise d'origine, parisienne de coeur, je nage en eaux troubles avec la rage de l’ère moderne et la poésie fragile d'un autre temps. Si tu me parles de Jacques Demy je pourrais bien t'épouser.

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