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Cela faisait un moment qu’on ne l’avait pas entendue. Entre le décès de sa sœur et son déménagement à New York, Charlotte Gainsbourg, déjà si discrète, avait quelque peu disparu des radars. Après quelques rôles au cinéma (Les fantômes d’Ismaël et prochainement La promesse de l’Aube) la revoilà sur les ondes. Si les extraits nous avaient déjà bien enchantés, nous étions loin de nous douter du choc qui nous attendait. Avec Rest, Charlotte Gainsbourg se met à nu de la plus belle des manières dans un album qui fera date. Rest est un enterrement et une renaissance. Magistral. 

Oubliez ce que vous pensiez connaître de Charlotte Gainsbourg. Elle, chanteuse timide, capable de déjouer tous les pronostics en proposant un son unique entre 2005 et 2011, s’affranchit de l’anglais et d’arrangement très pop pour revenir à l’essentiel. À l’essence même.

En chantant en français, elle affronte ses craintes, se livre complément et offre un album bouleversant où plane le spectre de la mort. Celle de son père d’abord dans un requiem magnifique « Lying with you » où elle raconte la découverte d’un corps sans vie puis son deuil qu’elle n’a jamais vraiment pu faire puisque cette mort appartenait à trop de monde.

Un déchirement qui l’a coupée de son père pendant 28 ans. Impossible d’aller au cimetière, d’écouter ses chansons ou regarder des images. Souvenir trop douloureux qui semble aujourd’hui apaisé par les mots qu’elle peut enfin sortir. Cette délivrance qu’elle doit à un déménagement à New York qui lui a permis de retrouver de l’air. Air qui était devenu irrespirable suite au décès brutal de sa sœur Kate. Déchirement qu’elle expose aussi dans une balade funeste magnifique sobrement appelé “Kate”. 

Avec la pudeur qu’on lui connaît, Charlotte Gainsbourg ouvre son cœur. Tout y est. La puissance des mots, la beauté des arrangements et surtout un phrasé qui n’est pas sans rappeler un certain Serge G. Pour la première fois, on a le sentiment que la petite effrontée assume. Elle n’a plus peur de la comparaison et le résultat est au dessus de tout. 

Le seul problème avec Rest c’est la grande difficulté d’en sortir. La puissance des 11 chansons (10 si on enlève la un peu moins réussie “Songbirg in a cage” qu’elle n’a pas écrit) est telle qu’on a du mal à respirer, à prendre de la hauteur tant la douleur se ressent.

Douleur et balade funeste qui finit par s’apaiser quant au détour d’une chanson cachée, elle laisse sa fille de 6 ans chanter l’alphabet en anglais. Les rires sont là. La vie a repris sa place. Tant mieux, car on était à deux doigts de nous rendre Rue de Verneuil dans l’espoir d’apercevoir le spectre d’un Gainsbourg.

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