J’avoue, j’ignorais que c’était une histoire vraie. Et c’est sans doute ce qui m’a le plus glacée dans la lecture de Mary Bell, l’enfance meurtrière. On parle ici d’une petite fille de onze ans, coupable du meurtre de deux très jeunes garçons, dans l’Angleterre de 1968. Rien que ça, c’est déjà bouleversant. Mais la façon dont Théa Rojzman et Vanessa Belardo racontent cette histoire m’a carrément retournée.

Une enquête psychologique au coeur de la noirceur humaine

Ce roman graphique, publié chez Glénat, prend le parti fort de mettre en scène la journaliste Gitta Sereny, qui, 27 ans après les faits, cherche à comprendre. Pas le quoi, pas le comment, mais le pourquoi. Pourquoi une enfant en arrive à commettre l’impensable ?

Au fil des 128 pages, on alterne entre les entretiens avec Mary Bell adulte, les flashbacks de son enfance maltraitée, et des passages oniriques qui traduisent son chaos intérieur. C’est sombre, dur, parfois insoutenable. Et pourtant, on ne peut pas décrocher. J’étais littéralement happée.

Un travail de narration et de mise en scène impressionnant

Théa Rojzman, que j’avais déjà appréciée pour Grand Silence, livre ici un scénario redoutablement efficace. Elle n’essaie pas de réhabiliter Mary, ni de la juger. Elle explore. Elle fouille. Et surtout, elle donne une voix à une fillette qu’on a trop vite classée comme “monstre”.

Côté dessin, Vanessa Belardo signe une première BD française remarquée. Son trait réaliste, méticuleux, accompagne à merveille les différents niveaux de lecture. Les couleurs changent selon les époques, les atmosphères. Et ce climax, à la toute fin, où le texte blanc s’étale sur deux pages noires… je vous jure que j’en ai eu la nausée.

Une lecture difficile mais essentielle

Non, ce n’est pas une BD qu’on recommande à tout le monde. Mais si vous vous intéressez aux true crime, à la psychologie ou aux dérives de notre système judiciaire, Mary Bell, l’enfance meurtrière est une lecture indispensable.

J’en suis ressortie sonnée, choquée, mais aussi admirative. Admirative du courage de Gitta Sereny, de la finesse de Théa Rojzman, et du talent de Vanessa Belardo. Ce genre d’oeuvre qui remue, qui interroge, et qui reste longtemps en mémoire.

Bref, vous êtes prévenus : cette BD est un coup de poing. Mais un coup de poing nécessaire.

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Blogueuse spécialisée dans les écrans. Partage son temps entre les bouquins, les jeux vidéo, les séries TV, le cinéma et les podcasts.

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