Actuellement et jusqu’au 5 janvier 2014, Mensonges d’Etats investit le Théâtre de la Madeleine. Une pièce historique oui mais pas que avec en tête d’affiche Samuel Le Bihan et Marie-Josée Croze. 

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La pièce. Londres, 1944. Quelques hommes vont faire chuter Hitler en orchestrant le plus grand mensonge de toute l’histoire de l’humanité. Si les alliés sont quasiment sûrs de pouvoir débarquer le jour J, le problème est de savoir comment parer la contre-attaque allemande dans la semaine qui suivra. Il faut trouver un moyen pour que les divisions blindées d’Hitler restent éloignées du Cotentin le plus longtemps possible sinon le débarquement sera un échec. Pour cela, les Anglais et les Américains créent l’opération « FORTITUDE ». Son but : faire croire à Hitler que l’attaque du 6 juin ne sera qu’une diversion et que le véritable débarquement aura lieu un mois plus tard, dans le Pas-de-Calais, qu’il sera fort d’une armée d’un million d’hommes et commandé par le général Patton. Un poker menteur à l’échelle de la planète commence alors… Intoxications, mystifications, contrevérités et stratagèmes deviennent le quotidien du colonel Bannerman et son équipe. Mais pour faire croire à un mensonge de cette ampleur, il faut aussi parfois dire la vérité et sacrifier de nombreux alliés. Comment les sentiments et la morale se confrontent à la cruauté sans scrupule de la guerre ? Est-il possible d’en revenir indemne ?

Si le sujet ne nous intéressait pas vraiment au départ, je dois avouer que le seul nom de Marie-Josée Croze a fait la différence. L’actrice discrète qui me ravie à chaque fois que je la découvre dans un film, m’a convaincue de la qualité de la pièce avant même que je ne m’attarde sur le synopsis. Il faut dire encore une fois que la belle Marie-Josée a un certain don pour ne participer qu’à des projets de qualité.

MENSONGES D'ETATS (Nicolas BRIANCON) 2013

Mensonges d’Etats racontent donc une part de la seconde guerre mondiale assez méconnue (ou du moins de moi) et revient sur une partie de l’opération Overlord : organiser un bluff géant pour faire croire à Hitler à un second débarquement. La fin de la guerre s’est sans doute jouée ici et c’est tout l’intérêt de cette adaptation théâtrale. On va alors assister à une petite leçon d’histoire qui nous éveille sur ce “cinéma” orchestré par les anglais. Avec du recul on trouve la manœuvre amusante mais les projections d’images historiques de soldats au front ou de déportés nous rappellent les enjeux et nous remémorent des souvenirs sombres et douloureux.

Si la difficulté de raconter un fait militaire au travers d’un huit clos entre hommes loin du front était bel et bien présente, Xavier Daugreilh et Nicolas Briançon parviennent à donner le souffle nécessaire à la pièce pour fonctionner et être réellement passionnante. On suit l’évolution des opérations militaires grâce au debrief et décisions qui suivront dans ce cabinet décisionnaire avec autant de fougue que si on nous projetait un film de guerre. Les pièces s’emboîtent parfaitement pour un résultat vraiment épatant. 

MENSONGES D'ETATS (Nicolas BRIANCON) 2013

Alors que le sujet pourrait en rebuter plus d’un, il faut souligner ici le côté très humain de la pièce. D’abord, parce qu’avant de parler d’opérations militaires et de stratégies, les créateurs décident de s’intéresser à l’Homme. Ainsi, à Londres, on suivra la maladie de Bannerman, les désirs de combat du jeune cuisinier ou encore les tribulations amoureuses de l’espionne infiltrée et de son amant jaloux. Le tout rendant Mensonges d’Etats vraiment attachant et passionnant de bout en bout. Les relations unissant ces personnages qui défilent devant nous donnent à la pièce encore plus de résonance et de puissance émotionnelle.

Là où on imaginait un sujet ultra-sérieux, à la limite trop “intello” pour nous, on va vite se rendre compte que dans l’écriture, l’auteur a voulu rendre accessible son sujet. Pas de discours pompeux ni de grosse théorie sur la guerre mais simplement le quotidien d’hommes intelligents mais d’hommes avant tout. Souvent ponctué d’instant comique, Mensonges d’Etats se savourera alors très bien même pour les non-connaisseurs.

Vous l’aurez compris, je vous invite à aller découvrir Mensonges d’Etats. Cette pièce historique dressant le portrait plus qu’humain d’hommes et de femmes qui ont changé l’histoire du monde, mérite d’être vue et vous donnera même des envies de vous replonger dans l’histoire de la seconde guerre mondiale.

 

Author

Cinéphile aux lacunes exemplaires, mon coeur bat aussi pour la musique, les chaussures léopard et les romans de Bret Easton Ellis. Maman de 2muchponey.com, niçoise d'origine, parisienne de coeur, je nage en eaux troubles avec la rage de l’ère moderne et la poésie fragile d'un autre temps. Si tu me parles de Jacques Demy je pourrais bien t'épouser.

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