Trois ans après le sublime La Superbe, Benjamin Biolay est de retour et prépare sa vengeance. Pour la première fois le chanteur était attendu et se devait de faire mieux ou du moins aussi bien que sur son précédent opus qui l’avait enfin consacré. Retour sur une vengeance qui se mange à toutes les sauces.

Poète maudit ou talent un peu trop brut souvent trop peu considéré, Benjamin Biolay aura du attendre 5 albums et plus de 10 ans de carrière pour être enfin apprécié à sa juste valeur. Un peu ignoré jusqu’à la Superbe, Benjamin Biolay aura su se vanger de cette injustice et prouver en un album qu’il a dans ses tripes du Gainsbourg, du Bashung ou encore du Daho. La Superbe propulsait le lyonnais sur le devant de la scène, raflant tout sur son passage et lui conférant alors un nouveau statut de petit chouchou de la chanson française. Et si cet album aura permis de reconnaitre enfin un poète, impossible de nier la pression qui pesait alors sur les épaules de Biolay qui ne pouvait alors pas se planter sur son prochain album. Vengeance portera alors bien son nom.

Dès Aime Mon Amour (premier morceau de l’album) on se dit qu’on a retrouvé le talent de Biolay instantanément. La rage du chanteur semble se déverser comme un magnifique flot dont on ne peut s’extraire. Vengeance parlera d’amour, de nostalgie, de cœurs brisés et s’annonce électrique. Déjà on sent que La Superbe a fait du bien à Biolay qui ne se cache plus et s’expose carrément. Sa voix n’a jamais été aussi limpide et aussi mise en avant. Une impression qui sera confirmée immédiatement avec Profite. Benjamin Biolay s’affirme et c’est la meilleure nouvelle de cet album.

Très dense, Vengeance surprendra par sa diversité. Des ballades enchanteresses comme Profite et Sous les confettis à des morceaux plus rock comme Le sommeil attendra ou Marlène déconne en passant par des pures moments de nostalgie (Personne dans mon lit ou la Fin de la fin)  Benjamin Biolay nous épate morceau après morceau. L’auteur compositeur jongle avec tout ce qu’il connait pour un résultat des plus saisissant. Il nous étonnera d’autant plus lorsqu’il s’essaiera à la pop New Wave (l’insigne honneur) ou lorsqu’il s’essaiera au slam dans Belle Epoque avec Oxmo Puccino. Et si cette diversité peut surprendre à la première écoute, dès la deuxième on se rend compte de l’évidence de Vengeance qui forme un tout extrêmement bien calibré.

Si les textes de Biolay sont toujours aussi bien écrits et souvent bouleversant c’est du côté de la musique qu’on trouve la plus nette évolution. L’auteur de Rose Kennedy a vu les choses en grand et ose enfin. Chaque morceau étant un hypothétique tube. Vengeance s’inscrit alors dans une époque, ancré dans son temps et résolument moderne. Pourtant l’écriture et la voix sombre et mystérieuse de Benjamin Biolay nous renvoie à une nostalgie d’une autre époque. Et c’est là toute la force de Biolay.

La vraie réussite de Vengeance demeurera dans l’omniprésence d’invités prestigieux qui viendront donner de la voix sur cet album. Alors que le délicat aura de Vanessa Paradis plane sur l’ensemble de Vengeance, Benjamin Biolay s’entoure de la plus belle des manières. Le dandy romantique trouvera alors son alter-égo britannique en la personne de Carl Barat sur Vengeance mais c’est véritablement lorsqu’Orelsan viendra déverser sa rage sur le très beau Ne Regrette rien qu’on prendra une réelle claque. Benjamin Biolay s’adapte à tout et suit le mouvement sans jamais subir. Vengeance devient alors un album d’une infinie richesse dans lequel invités comme auteurs se retrouvent en toute simplicité pour un résultat des plus prenants.

Sans doute moins fort et intime que La Superbe, Vengeance se rattrapera par sa fougue, sa classe folle et sa nostalgie d’un autre temps. Un album d’une grande richesse qui donnera définitivement des ailes à Benjamin Biolay qui semble avoir enfin confiance en sa voix et en son talent. Un album décomplexé, mélodieux, fort, riche, mystérieux et en puissance qui marquera c’est sur cette fin d’année 2012 et la chanson française.

M.

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