Quand j’ai refermé le premier tome des Guerres de Lucas, je savais déjà qu’une suite verrait le jour. Et pourtant, malgré cette attente, ce deuxième volume a réussi à me surprendre, à m’émouvoir et à me captiver.
Le duo Laurent Hopman et Renaud Roche signe une nouvelle fois une œuvre d’une richesse incroyable, retraçant la période la plus intense (et sans doute la plus douloureuse) de la vie de George Lucas, entre le succès de Star Wars et la création de L’Empire contre-attaque.
Après le triomphe, la chute
Le premier tome racontait la naissance d’un mythe : celui d’un jeune réalisateur visionnaire qui croyait en son film quand plus personne n’y croyait. Le second, lui, s’attarde sur l’envers du succès. Au lendemain de la sortie de Star Wars, George Lucas n’est plus l’outsider maladroit, mais le nouveau prince d’Hollywood. Riche, respecté, mais déjà prisonnier de son propre empire.
Déterminé à s’affranchir des studios, il prend un pari insensé : financer seul la suite, L’Empire contre-attaque. Un choix qui le mènera à la fois vers la légende et vers l’épuisement. Ce tome 2 raconte cette descente aux enfers fascinante, faite de drames, d’angoisse et de décisions risquées.
Les auteurs réussissent à transformer ce chaos en récit haletant, où la tension du tournage se mêle à la fragilité d’un homme qui risque de tout perdre. Les jours de retard s’accumulant, ça a angoissé la cheffe de projet que je suis.
L’Empire contre-attaque : un tournage de légende
La BD s’ouvre sur une scène d’anthologie, rappelant l’accident de Mark Hamill avant le tournage du second film. Dès les premières pages, on comprend que cette suite ne sera pas de tout repos. Entre les tempêtes en Norvège, les retards de production liés à des pb de santé, les dépassements de budget, les crises d’ego et les tensions conjugales, chaque page transpire la réalité du cinéma : un mélange d’adrénaline, de passion et de chaos.
Ce que j’aime particulièrement ici, c’est la capacité des auteurs à mêler le grand récit hollywoodien à des moments d’humanité désarmants. On découvre un George Lucas plus vulnérable que jamais, pris entre son rêve et sa solitude, soutenu par Marcia (sa femme et monteuse) jusqu’à ce que la distance s’installe entre eux (la dernière page brise le coeur).
Et au milieu de tout cela, le cinéma continue de naître, presque malgré lui : L’Empire contre-attaque devient un chef-d’œuvre, et Indiana Jones se prépare en coulisse.
Un dessin et une narration à la hauteur du mythe
Visuellement, Renaud Roche atteint ici un niveau d’excellence rare. Son trait semi-réaliste, en noir et blanc ponctué de touches de couleur, capte toute la tension de l’époque.
Chaque teinte a du sens : le rouge pour la colère et le danger, le vert pour l’espoir, le bleu pour la mélancolie. On sent une maîtrise totale du langage visuel, au service d’un scénario dense mais fluide.
Laurent Hopman, lui, continue d’impressionner par son sens du rythme et de la clarté. Malgré la complexité du sujet, jamais on ne se perd : tout s’enchaîne avec une précision de montage cinématographique. Et, surtout, il sait injecter de l’émotion dans les moments les plus techniques.
Une trilogie en marche
Dès le départ, Les Guerres de Lucas a été pensée comme une trilogie un clin d’œil évident à la structure de la saga qu’elle raconte. Et si le premier tome était l’équivalent d’Un nouvel espoir, ce second volume est clairement l’Empire contre-attaque de la BD : plus sombre, plus ambitieux, plus abouti.
Le tome 3 est déjà prévu dans deux ans, et l’attente promet d’être longue. Si les auteurs continuent sur cette lancée, on pourrait bien tenir la trilogie graphique la plus passionnante jamais consacrée au cinéma.
Les Guerres de Lucas – Tome 2 (Épisode II)
- Scénario : Laurent Hopman
- Dessin : Renaud Roche
- Éditeur : Deman Éditions
- Sortie : 8 octobre 2025
- 208 pages / 25,90 €
