J’ai découvert L’Amourante de Pierre Alexandrine, un peu par hasard, et parce que la couverture me faisait penser à La Belle et la Bête, à un conte, et je dois dire que je ne m’attendais pas à me faire happer à ce point. Dès les premières pages, j’ai su que cette BD allait me trotter dans la tête un bon moment. Une héroïne immortelle nourrie par les sentiments des autres, un récit qui traverse les siècles, des thématiques d’amour, de solitude et de féminité… Tout ce que j’aime.

Une héroïne fascinante et tragique

Louise, notre « amourante », m’a tout de suite intriguée. C’est à la fois une femme forte et vulnérable, touchante dans sa manière de jongler avec l’amour sans jamais vraiment pouvoir s’y abandonner. Elle traverse les âges, séduit pour survivre, fuit pour ne pas vieillir… et se retrouve prisonnière d’un pouvoir qui ressemble plus à une malédiction qu’à un don. Un destin à la Dorian Gray, croisé avec un conte gothique et des réflexions féministes : j’achète direct.

Et puis cette idée que tomber amoureuse la condamne… comment ne pas voir dans ce dilemme une métaphore des injonctions contradictoires qui pèsent encore sur les femmes ?

Un récit dense, mais fluide

Avec ses 230 pages, L’Amourante prend le temps d’installer son ambiance, de creuser la psyché de son personnage et de nous balader à travers les époques. On y croise des figures historiques, des artistes, des amants éphémères… Chaque chapitre ajoute une pièce au puzzle. J’ai aussi bien aimé la narration depuis le présent, où Louise raconte son histoire à Zayn, un jeune homme qu’elle a quitté sans explication. Ce face-à-face donne un côté très intime au récit.

Malgré quelques longueurs (et un dessin parfois un peu figé à mon goût), je n’ai jamais décroché. L’équilibre entre drame, mystère et émotion fonctionne très bien.

Une BD féminine, fantastique et profondément humaine

Ce que j’ai aussi adoré, c’est la richesse symbolique de l’histoire. Louise incarne à elle seule mille visages : sorcière, muse, poétesse, amante, conteuse… Elle est partout et nulle part, toujours en quête d’un amour qu’elle ne peut s’autoriser à vivre. L’Amourante, c’est un peu un miroir de nos propres failles, de nos peurs d’aimer ou d’être oubliées.

Graphiquement, le style clair et faussement simple de Pierre Alexandrine, avec une touche un peu rétro, contraste délicatement avec la gravité du propos. Et ce mot-valise, « amourante », quelle jolie trouvaille de l’auteur !

Pour un premier roman graphique, c’est une très belle réussite. L’Amourante est à la fois un conte fantastique, un voyage dans le temps et une réflexion sensible sur ce que signifie être aimée et s’aimer soi-même. J’en suis ressortie un peu chamboulée, un peu mélancolique… et avec une envie de relire certaines pages pour me replonger dans certaines phases de l’histoire.

Author

Blogueuse spécialisée dans les écrans. Partage son temps entre les bouquins, les jeux vidéo, les séries TV, le cinéma et les podcasts.

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