Tu connais cette sensation étrange quand une série te laisse à la fois captivée… et un peu sur ta faim ? C’est exactement ce que j’ai ressenti en regardant Secrets We Keep (ou Reservatet en VO), la mini-série danoise sortie récemment sur Netflix. Un thriller social sur fond de disparitions, de tensions raciales et de silence bourgeois. Un vrai terrain de jeu nordique, en six épisodes bien froids, bien lents, bien… scandinaves.

Une disparition qui dérange le confort
Tout commence avec Ruby, jeune fille au pair philippine, qui disparaît mystérieusement dans un quartier résidentiel ultra-privilégié du nord de Copenhague. Personne ne semble vraiment s’en inquiéter. Personne, sauf Cecilie, voisine un peu trop curieuse, et Angel, elle-même au pair et amie de Ruby. À partir de là, la série déroule lentement une enquête faite d’indifférence, de malaise social, et de non-dits glaçants.
On sent bien que la série veut dire quelque chose, et ça, c’est réussi. Secrets We Keep parle de racisme structurel, de pouvoir, de relations inégalitaires déguisées en bienveillance. Ça met mal à l’aise, et c’est voulu. Mention spéciale à la performance de Marie Bach Hansen, très juste dans le rôle de Cecilie, une femme tiraillée entre sa conscience et son petit monde ultra-protégé.

Lent, froid, mais bien joué
Soyons honnête : j’ai trouvé ça lent. Pas forcément au sens négatif du terme, mais on est loin du binge-watch effréné. Il faut s’installer dans le rythme nordique, accepter les silences, les regards en coin, les dialogues feutrés. Par moments, j’aurais aimé que ça accélère un peu, ou qu’on en sache plus sur certains personnages secondaires laissés en plan. Le dernier épisode m’a laissé un peu perplexe, comme si on avait voulu rester dans l’ambiguïté à tout prix. Mais le message reste fort, même sans réponses claires.
Ce qui sauve franchement la série, c’est son casting impeccable. Mention spéciale à Excel Busano (Angel), touchante et subtile, et à Lars Ranthe en voisin creepy au possible. Les ados sont aussi très bons, et les scènes entre Viggo et Oscar apportent une tension presque plus dérangeante que le mystère principal.

Des thèmes puissants, un final frustrant
Ce que j’ai apprécié, c’est que la série ose aller là où ça pique : la culpabilité blanche, la hiérarchie silencieuse entre employeurs et employés à domicile, les contradictions morales. Cecilie est un bon miroir de tout ça : elle veut aider, mais elle est aussi un produit de ce système qu’elle critique. Et à la fin… on se demande ce qu’elle fera vraiment. Dénoncer ? Se taire ? Rentrer chez elle et reprendre le cours de sa vie ? Le titre Secrets We Keep prend ici tout son sens.
Mais voilà : cette fin, justement, laisse un petit goût amer. On comprend ce qu’elle veut dire, mais on reste un peu en suspens. J’aurais aimé une résolution plus claire, ou au moins une direction affirmée.
Secrets We Keep, c’est une série qui prend son temps, qui n’est pas là pour flatter ou divertir gratuitement. Elle te dérange, te fait réfléchir, mais ne t’embarque pas totalement. Le casting est solide, le propos est fort, mais le rythme et le flou final empêchent un vrai coup de cœur.
À voir si tu veux un thriller social engagé, plus cérébral que sensationnel. Et si tu es fan de séries scandinaves où le silence est presque un personnage à part entière… tu devrais t’y retrouver.
