Tu connais ce moment un peu frustrant où tu lances un film qui t’intrigue vraiment, parce que tu sais qu’il est tiré d’une histoire vraie… et qu’au final, tu passes 1h40 à te demander pourquoi ce n’est pas un documentaire ?

C’est exactement ce que j’ai ressenti devant iHostage, le thriller néerlandais dispo sur Netflix depuis le 18 avril.

Une histoire vraie qui avait tout pour captiver

Le pitch a de quoi accrocher : en février 2022, un homme armé prend en otage plusieurs personnes dans un Apple Store à Amsterdam, en pleine journée, sur une place ultra fréquentée. Il exige 230 millions en cryptomonnaie et menace de tout faire exploser. L’affaire se termine avec un acte de bravoure d’un otage, un robot, et une mini course-poursuite dramatique.

Sur le papier, on tient là une base solide pour un thriller tendu, haletant, émotionnel. Dans la réalité… on se retrouve avec un film qui coche toutes les cases du genre sans jamais vraiment nous faire vibrer.

Nederland, Den Haag, 5 april 2024 Control Room Hostage Netflix Horizon film Bobby Boermans Daan Nieuwenhuijs foto: Elmer van der Marel

De la fiction sans incarnation

iHostage fait le choix d’une reconstitution fictionnelle, en adoptant les points de vue du ravisseur, des otages et de la police. Bonne idée en théorie. Sauf que dans les faits, on reste très en surface. Les personnages manquent d’épaisseur, on ne comprend jamais vraiment leurs réactions, leurs motivations. Le preneur d’otages ? Une silhouette sans réelle consistance. L’otage principal ? Presque mutique, figé. Même les négociateurs, qui devraient incarner la tension dramatique, semblent perdus dans des dialogues plats.

Je comprends l’envie de réalisme – caméras de surveillance, rythme lent, tension sourde – mais ici, ça vire au désintéressement total. Pas de tension palpable, peu d’enjeux émotionnels, et au final, une reconstitution qui semble tiède là où elle aurait dû être brûlante.

Nederland, Katwijk, 13 maart 2024 Hostage Studio Apple Store foto: Elmer van der Marel

Une mise en scène trop sage

Certains choix sont pourtant intéressants : l’utilisation des plans de sécurité, la reconstitution du magasin, la lumière froide qui accentue l’étrangeté des lieux… Mais ça ne suffit pas à compenser le manque de nerf du scénario. Le rythme est haché, les ellipses mal amenées, et surtout, la fin, censée être le moment de l’apothéose, tombe à plat.

On est plus dans l’illustration que dans la narration. Résultat ? Une histoire forte racontée sans souffle.

Nederland, Katwijk, 13 maart 2024 Hostage Studio Apple Store foto: Elmer van der Marel

Et si c’était mieux en documentaire, tout simplement ?

C’est peut-être ça le vrai souci : cette histoire, glaçante parce qu’elle est vraie, aurait mérité d’être racontée par ceux qui l’ont vécue. Un documentaire, avec des témoignages, des analyses, des archives, aurait eu une charge bien plus percutante. Là, on reste entre deux eaux : pas assez immersif pour être un vrai thriller, pas assez incarné pour être un drame psychologique.

En soi, iHostage n’est pas un mauvais film. Mais c’est un film tiède, là où il aurait pu (et dû) être bouleversant. Un sujet brûlant, un fait réel rare, un potentiel immense… pour un résultat très moyen. Si vous aimez les thrillers basés sur des faits divers, passez votre chemin ou attendez qu’un documentaire digne de ce nom vienne rétablir l’intensité de cette histoire.

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Blogueuse spécialisée dans les écrans. Partage son temps entre les bouquins, les jeux vidéo, les séries TV, le cinéma et les podcasts.

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