Comme beaucoup, j’ai été happée par la première saison de Squid Game. Ce mix de thriller social et de dystopie brutale m’avait mise K.O. L’énergie, les décors, la critique sociale, tout était percutant. Puis est venue la saison 2. Moins choquante, plus dispersée. Et aujourd’hui, la saison 3 vient clore cette aventure… enfin, clore, c’est un grand mot.

Une saison 3 plus introspective et émotive
Loin des jeux emblématiques de la première saison, cette dernière partie prend un virage plus psychologique. Le rythme est moins frénétique, les scènes d’action moins nombreuses, mais l’impact émotionnel reste réel. Ce qui m’a touchée, c’est ce côté presque déroutant autour du bébé (oui, un bébé !), forcé de participer aux jeux à travers une mécanique absurde et glaçante. Une façon brutale de souligner la transmission de la violence et du traumatisme.
Et Gi-hun, qu’on retrouve transformé, brisé. Lee Jung-jae livre ici une performance intense, hantée, avec une sobriété glaçante. Il ne parle presque pas au début de la saison, comme s’il était devenu un fantôme de lui-même, écrasé par le poids de ses choix passés.

Des jeux moins marquants, une tension diluée
Soyons honnêtes : les nouveaux jeux n’ont pas la même force que ceux de la saison 1. Certains semblent répétitifs, d’autres presque accessoires, comme si l’enjeu était ailleurs. Il y a bien une version extrême de cache-cache, avec des poignards en bonus, mais l’effet “jeu d’enfants” s’essouffle un peu.
La série préfère explorer les dynamiques internes, les dilemmes moraux, les trahisons plus intimes. Cela fonctionne par moments, notamment grâce Park Gyuyoung dans le rôle de Kang No-eul, la jeune femme de Corée du Nord qui va tout faire basculer, mais on ressent parfois un manque de nerf dans la construction dramatique.

Les VIP, encore et toujours…
Ah, les VIP. Ces spectateurs grotesques masqués qu’on espérait voir disparaître sont de retour… en version XXL. On les retrouve plus présents, plus bavards (arf), et toujours aussi décalés (et pas dans le bon sens). Leur mise en scène frise la caricature, leurs dialogues sont d’une lourdeur rare, et ça casse net toute tension.
C’est d’autant plus frustrant qu’on pressentait une occasion de les faire tomber, de clore leur arc par un geste fort. Au lieu de ça, la série tease un spin-off américain et donc probable retour de ces personnages. Franchement, ça sonne plus comme une opportunité commerciale que comme une idée narrative pertinente.

Un final fort… mais pas libérateur
La dernière ligne droite de la saison offre quelques beaux moments de mise en scène. Le duel final, le face-à-face entre Gi-hun et Myung-gi (le crypto bro), dégage une tension réelle, sublimée par une réalisation stylisée. Mais le choix de fin, sombre, sans vraie résolution, laisse un goût amer.
Pas de grande victoire, pas de révolution. Juste une boucle qui se referme mollement, avec une scène post-générique qui laisse entendre que la partie continue, ailleurs. Ce n’est pas une mauvaise fin. C’est juste une fin… frustrante.

Mon avis global sur la trilogie Squid Game
En trois saisons, Squid Game a tout connu : le phénomène mondial, la surenchère, l’introspection, les choix clivants. Si la première saison reste de loin la plus réussie, la suite a tenté des choses. Parfois maladroitement, parfois brillamment.
Cette saison 3 vaut le coup d’œil pour ses performances, sa réalisation et sa manière de montrer que le jeu n’est pas juste une métaphore. C’est un système. Un miroir. Une machine à broyer.
Mais j’aurais aimé plus de poigne sur la fin, plus de fermeture sur les arcs laissés ouverts. Et surtout, moins de teasing pour des spin-offs qu’on n’a pas réellement demandés.
Squid Game, c’est une grande série. Mais comme souvent, c’est au moment de sortir de jeu qu’elle montre ses limites.