Après quelques heures de sommeil, me voici à nouveau d’attaque. Ayant pris le site des réservations d’assaut dès l’ouverture, j’arrive à arracher une place pour la montée des marches officielle du Passé ce soir à 19h. Il est 8h du matin et déjà je me demande comment je vais bien pouvoir m’habiller. Oui car à Cannes, le temps ne semble toujours pas vouloir prendre de décision, il me faut maintenant répondre à une question existentielle : dois-je ou pas abandonner les collants ?

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Arrivée assez tard à Cannes aujourd’hui, j’ai à peine le temps de dégainer mes lunettes de soleil que la pluie fête son grand retour. Déjà en talons pour la montée des marches du soir (le désavantage de vivre Cannes 2013 dans sa Twingo), j’arpente La Croisette pour trouver enfin la Plage Schweppes. Je passe devant le plateau du Grand Journal qui sera quelques heures plus tard la cible d’une “blague” pas vraiment drôle. À ma montre, il est 15h et je me rends compte qu’il est trop tard pour aller voir Suzanne. Après Le Congrès hier, je rate encore un film que je m’étais pourtant programmé. Je comprends alors que Cannes est aussi synonyme de rendez-vous manqués et qu’il va falloir accepter de rater certains films faute de temps et de priorité pour accéder aux projections.

N’ayant rien au programme avant 19h, je m’infiltre dans l’immense queue de rattrapage The Bling Bling mourant d’envie de revoir ce film après avoir rencontré son équipe. Le choix fut judicieux puisque je prends un énorme plaisir devant ce second visionnage. The Bling Ring me parait encore plus second degré, encore plus cynique sur l’état de la société actuelle et je me rends compte de l’immense performance d’Emma Watson qui m’avait un peu échappé lors de la première projection à Paris. Le film prend alors tout son sens et les mots de Sofia Coppola sur son rapport au film résonne dans ma tête. À côté de moi on qualifie le film de vain et de creux. Je soupire et m’entends répéter “Oh My God ! I Love It”.

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Un petit tour aux toilettes pour une retouche Make Up et me voilà en route pour ma première montée des marches de Gala. Sur la route, je croise les amis d‘Après la Séance bien studieux cette année. Je rigole quand devant nous c’est un défilé de bon goût : certaines pensant que monter les marches étant synonyme de bal de promo et ayant sorti pour l’occasion leur plus belle robe de soirée lavande ou turquoise. Voulant m’assurer une bonne place dans la salle je ne perds pas trop de temps et attaque l’ascension des célèbres marches. Je me déteste un peu en pensant à moi répétant à tous il y a quelques semaines “La montée des marches c’est surfait“. Quel plaisir immense et quel honneur de fouler à nouveau ce tapis rouge sous ces hordes de photographes. Bien que je sais qu’ils ne sont pas là pour moi, je prends un certain plaisir à parader ayant le sentiment ce soir d’être intouchable. Derrière moi, c’est l’équipe de Suzanne qui fait son défilé. Je rage de mon échec du jour quand j’apprends que le film ne sortira qu’en fin d’année 2013. Une fois en haut des marches (Youhou même pas tombée) il ne faut pas traîner : les hôtesses demandant aux gens de rentrer dans la salle. Au sein du grand théâtre lumière, je profite de la montée des marches sur écran géant. Sans les commentaires de Laurent Weil, j’ai du mal à savoir qui est qui mais je reconnais quand même Eva Longoria, Géraldine Nakache ou encore Eric Judor. Enfin c’est au tour de l’équipe du Passé de monter les marches. Bérénice Béjo en toute simplicité est pourtant éblouissante et rayonnante. Dernière photo tous réunis en haut des marches face à la foule et voici l’équipe qui débarque dans la salle. Les deux enfants du film précédant le réalisateur, le moment est émouvant. Béjo est déjà en larmes quand la salle, debout, applaudit Farhadi. Le carnaval des animaux commence, je ressens les premiers frissons.

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Il me faudra quelques minutes pour me relever. Quelques minutes pour accepter qu’autour de moi les gens acclament l’équipe du film. Complètement sous le choc et vraiment bouleversée, j’ai du mal à participer à la fête. Autour de moi, il semble que le public ait ressenti la même chose. Voulant applaudir le film comme il se doit mais un peu trop sonné pour ça. Le Passé raconte l’histoire d’un couple sur le point de se marier qui va voir ses projets repensés suite à l’arrivée de l’ex-mari et la révélation d’un terrible secret. Magnifique et tellement juste quand il nous parle de regrets et de culpabilité, Asghar Farhadi signe un film poignant dans lequel la puissance dramatique habite les propos du début à la toute fin. Si Jeune et Jolie m’avait séduit la veille, je suis dans un état second à l’issu du Passé. Il me faudra d’ailleurs quinze bonnes minutes avant de pouvoir répondre au micro d’Après la Séance.

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Dehors, l’agitation pour la seconde montée des marches de la soirée me laisse de glace. Voulant rentrer me coucher et incapable d’envisager une soirée cette nuit-là, je me permets toutefois un dîner dans Cannes. Enfin, un hot-dog plus précisément. Je rejoins ma voiture et mon premier PV m’attend sur mon pare-brise. Même pas agacée, je reprends la route, j’ai des articles à écrire. Le sommeil attendra.

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Cinéphile aux lacunes exemplaires, mon coeur bat aussi pour la musique, les chaussures léopard et les romans de Bret Easton Ellis. Maman de 2muchponey.com, niçoise d'origine, parisienne de coeur, je nage en eaux troubles avec la rage de l’ère moderne et la poésie fragile d'un autre temps. Si tu me parles de Jacques Demy je pourrais bien t'épouser.

3 Comments

  1. :-) !!! ENJOY !!! Merci, grâce à toi je vis le festival à distance :)

  2. Clap clap clap! Bel article, très plaisant à lire… et ça donne envie de venir à Cannes, malgré le temps.

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